Ystor

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Partenaire de vos efforts

La maison sur la colline

      CHAPITRE 1

-Tu crois qu’on en aura assez ? demandai-je

-Oui, quinze c’est largement suffisant.

Lucie et moi étions en route pour vendre des calendriers, l’activité basique de tout scout. C’était notre premier jour dans leur rang, il était donc vital de faire bonne impression et de vendre tous nos calendriers. Pour cela, on nous avait donné une liste de maisons où on devait se rendre pour vendre notre marchandise.

Nous avions réussi à vendre cinq calendriers dans toutes les maisons que nous avions visitées et malheureusement il n’en restait plus qu’une. Je perdis espoir de ne pouvoir tous les vendre aujourd’hui. Croisant mon regard inquiet, Lucie me rassura :

-Ne t’inquiète pas Enzo, on ne sait jamais, peut-être que les habitants de la dernière maison voudront acheter le reste de nos calendriers.

-Espérons, soufflai-je.

La dernière maison se trouvait au fond du quartier au sommet d’une petite colline. De loin on pouvait croire que la maison ressemblait à un manoir tellement elle avait l’air immense, mais une fois arrivés en haut de la colline, on pouvait alors s’apercevoir que la maison avait tout ce qui a de plus modeste, une maison toute petite qui pouvait abriter deux personnes maximum, avec des détails qui faisaient toute la différence : des fleurs peintes sur les murs tout autour de la maison, la fumée de la cheminée dégageait une délicieuse odeur de barbe à papa et l’intérieur de la maison était camouflée par de grands rideaux anciens… Bref, ça me rappelait ma grand-mère.

-Bon, alors…

-Alors quoi : fis-je surpris.

-Tu sonnes ou je le fais ? demanda-t-elle impatiente.

-Je sonne, je sonne.

DING DONG. La porte s’ouvrit aussitôt. Une vieille dame avec un tablier rose bonbon se trouvait devant nous. Je remarquais qu’elle nous regardait d’une façon un peu trop familière à mon goût.

-Ah, je vous attendais ! : dit-elle avec un sourire jusqu’aux oreilles.

-Pardon… comment ça « vous nous attendiez » ? Répondis-je surpris.

Pendant que je parlais, je me pris un coup de coude dans les hanches… c’était Lucie.

– Excusez-le, Madame, ce garçon a un petit problème avec la politesse. Enchantée, je m’appelle Lucie et voici mon ami Enzo, nous sommes scouts et nous voudrions vous vendre nos calendriers, si vous le voulez bien.

-Oui bien sûr ! Laissez-moi juste aller chercher mon portefeuille. Je vais tous vous les prendre.

-LES DIX ! Crièrent Lucie et moi en cœur.

-Oui, évidemment j’ai de la famille, je pourrais leur offrir !

-Euh, oui, merci beaucoup Madame.

Elle s’éloigna et se retourna d’un coup, un sourire malicieux au visage. Elle nous dit doucement :

-Bah alors, qu’est-ce que vous attendez ? Entrez et allez-vous installer dans le salon.

-Très bien Madame.

Elle allait rentrer quand je lui attrapais le bras pour l’arrêter.

-Qu’est-ce que tu fais ?

-On devrait rester dehors, on ne connait pas cette étrange vieille femme, et elle me parait bizarre.

-Tu m’énerves à la fin ! Toujours à voir le danger de partout ! Cette étrange vieille dame comme tu dis, nous a acheté tous nos calendriers, et ce n’est pas ce que tu voulais ? 

Qu’on les vende tous ?

-Si… avouai-je

-Bah alors, pas besoin d’en faire tout un plat ! On rentre, elle nous donne l’argent et on s’en va, rien de plus simple !

-D’accord… finis-je par dire.

Et je crois que c’était la pire décision que je n’avais jamais prise de toute ma vie.

  CHAPITRE 2

Une fois entrés dans la maison, les portes se refermèrent toutes seules, empêchant quiconque d’entrer ou de sortir par celles-ci.

-Que se passe-t-il ? Demandai-je surpris.

-Rien, me dit Lucie, c’est sûrement les courants d’air…

-Bon d’accord… Si tu le dis. Je n’étais pas rassuré.

D’un coup, venue de nulle part, la grand-mère réapparut.

– Venez les enfants dans le salon, j’ai préparé des biscuits.

Je répondis : Désolé mais nous sommes pressés… Lucie me coupa la parole.

– Avec plaisir Madame !

– Suivez-moi les enfants ! : répondit-elle.

Et nous lui emboîtâmes le pas. En la suivant, je réalisais que la petite maison était en fait un grand manoir. Lucie, elle, était toute excitée à l’idée de visiter cette soi-disant maison.

Étrangement, le trajet entre l’entrée et le salon me semblait avoir été très long. Entre-temps, nous passions devant des pièces aux portes sombres et mystérieuses et devant d’innombrables tableaux et sculptures qui paraissaient nous suivre du regard. Les couloirs semblaient murmurer des mots d’avertissement. Je n’avais qu’une envie, sortir de cet endroit sinistre. 

-Madame, où se trouve votre famille dont vous nous avez parlé ? : demandai-je.

-Oh non, ne m’appelez pas Madame mais Minerva.

-D’accord.

Elle n’avait quand même pas répondu à ma question.

-Nous voilà arrivés les enfants ! Je vais prendre des biscuits, asseyez-vous.

-Chouette ! : s’exclama Lucie.

-Je ne suis pas aussi enthousiaste que toi, cet endroit est vraiment étrange.

-Détends-toi Enzo, il n’y a rien à craindre, ce n’est pas comme s’il pouvait nous arriver quelque chose ici et en plus Minerva est très gentille avec nous.  

-Tu as sûrement raison, je m’inquiète trop.

En attendant que la vieille dame revienne, Lucie et moi regardions attentivement le salon. Il était immense. Il y avait plein de tableaux, de meubles et surtout beaucoup de portes. Quelque chose avait attiré mon attention, la cheminée. Elle se trouvait contre le mur principal de la pièce. Elle, aussi, était imposante et était faite de pierre ancienne et de marbre.    

En s’approchant, les bûches du foyer prirent feu. Après quelques secondes, des feu-follets rouges s’en échappèrent. Au-dessus de la cheminée, il y avait des portraits d’enfants qui me semblaient familiers. Ils portaient des uniformes comme nous : c’étaient des scouts ! 

-Lucie regarde ! : lui dis-je

Elle n’avait pas eu le temps de répondre, Minerva était revenue. Comme si de rien n’était, nous nous étions rassis sur le sofa.

-J’ai ramené des biscuits, les enfants, venez en goûter.

-D’accord : répondit Lucie.

Nous mangions nos biscuits quand je posai une question à Minerva.

-Ces enfants-là, au-dessus de la cheminée, ils font partie de votre famille ?

-Oui en quelque sorte.

En quelque sorte ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Tout devenait de plus en plus étrange, d’abord les portes, puis les tableaux et maintenant les photos de scouts. 

-Oh ! J’ai oublié mon portefeuille, je reviens : s’exclama Minerva.

À peine la vieille dame partie, que Lucie et moi étions de nouveau devant la cheminée. Au centre de ces photos, se trouvaient des pots avec des étiquettes. Certains d’entre eux contenaient des choses peu communes : venin de serpent, griffes de chat, plumes de corbeau, poils de rat. Quelque chose clochait, je le sentais. Sans donner plus de détails à Lucie, je la prise par le bras.

-Qu’est-ce que tu fais ?

-On doit s’en aller.

-Quoi ? Tout de suite ? Et les calendriers ? 

-Tant pis, on ne peut pas prendre un autre risque.

-Mais Minerva va nous donner l’argent.

-Elle ne reviendra pas avec un portefeuille… Allez viens ! Il faut partir d’ici et vite !

                                                     CHAPITRE 3 

-Allez, on s’en va ! : la suppliai-je

-T’es lourd à la fin !

-S’il te plaît, cet endroit me donne la chair de poule !

-Bon ok, mais d’abord, je veux savoir ce qu’il y a dans cette boite.

Avec les pots disposés sur l’étagère de la cheminée, il y avait une boîte. Il y avait été gravé « NOMS». Cet objet intriguait vraiment Lucie.

-D’accord : acceptai-je. Si ça pouvait nous permettre de partir, ça m’allait.

-Très bien, va te placer à l’entrée du salon et tu me préviens si quelqu’un arrive.

-Ça marche. Et je me plaçai devant la porte, guettant l’arrivée de Minerva.

À l’aide d’une épingle à cheveux, elle réussit à ouvrir la boîte, et ce qu’elle vit lui glaça le sang, elle m’appela la voix tremblante pour venir la rejoindre :

-Enzo ! me chuchota-t-elle. Viens vite voir !

Je me dirigeais vers elle, et ce que je vis me fit froid dans le dos. Dans la boîte se trouvait une liste de prénoms et les nôtres y figuraient vers la fin de cette liste. Ceux du début étaient rayés. 

-Qu’est-ce que cela signifie ? : me dit Lucie.

-Je ne sais pas encore mais si quelque chose doit arriver, on est les prochains sur la liste.

-C’est bon tu m’as convaincu, on doit vraiment partir, dit-elle apeurée.

Je me contentai d’un hochement de tête et nous partîmes en direction de la sortie. Malheureusement, tout se ressemblait, les portes, les fenêtres, les pièces… Nous nous dirigions vers une de ces portes quand tout à coup une voix s’éleva :

-Vous partez déjà, et l’argent ? C’était Minerva.

-Oui, il se fait tard, nous devons nous en aller : bégayai-je.

-Oui, il a raison, et on vous offre les calendriers : ajouta Lucie.

-Bon d’accord…

Minerva ricana avec un sourire malicieux. Il fallait partir au plus vite !

-Bon et ben on va vous laisser…

Discrètement, je fis signe à Lucie de me suivre. Ce manoir était un vrai labyrinthe. Après de longues dizaines de minutes, nous avions enfin trouvé la porte d’entrée. Un simple couloir nous en séparait, il fallait l’atteindre. Deux statues de cristal en forme de dragon étaient placées de part et d’autre du couloir. Lucie et moi nous précipitions vers la sortie quand ces statues nous prirent les bras et d’effrayantes mains sortirent du sol pour tenter de nous bloquer le passage. Lucie prit peur et cria de toutes ses forces. Elle cria tellement fort que les statues se brisèrent en mille morceaux et les mains s’enfoncèrent dans le sol. Après seulement quelques secondes, nous entendîmes un bruit, c’était un claquement de porte, quelqu’un nous avait enfermés. Silencieusement, nous nous dirigeâmes vers cette porte. Malheur ! Un cadenas à code avait été placé en notre absence. 

-Qu’est-ce qu’on va faire ? : me dit Lucie.

-Ne t’inquiète pas, on va trouver une solution. 

-Mais comment ? On n’a pas le code pour ouvrir le cadenas. Tu penses qu’il faut le trouver pour s’enfuir ?

-Peut-être bien, vu comment cette sorcière est folle. On doit chercher des indices.

-D’accord, mais par où commencer ?

Sans lui répondre, je m’approchai du cadenas pour le voir de plus près. Sur celui-ci, il y avait 3 points de couleur : un point rose, un point blanc et un point vert. Cela avait forcément un lien avec le code. Et sans plus tarder, Lucie et moi étions devenus de vrais détectives. Nous cherchions des papiers de couleur ou des chiffres. Nous ne savions pas trop où regarder. Heureusement, la pièce n’était pas très grande. Alors, on fouillait partout, dans les vases, dans les meubles, dans les tiroirs, sous les tableaux et même en dessous des tapis. Les papiers pouvaient être cachés n’importe où. Après quelques minutes de fouille, Lucie 

s’écria : 

-J’ai trouvé un papier ! 

-Génial ! Qu’est-ce qu’il y a écrit dessus ?

– Un 5 en rose.

-C’est le premier chiffre du code ! 

-Il n’en manque plus que 2.

-Allez, on y retourne !

-Oui, il faut se dépêcher !

Il n’y avait rien sous les tapis ni dans les vases. Je partis donc vers les tiroirs. Je les ouvrais un par un avec attention. Bingo ! J’en avais trouvé un autre !

-Lucie ! Numéro 2 en blanc !

-Ok !

Elle tourna délicatement la deuxième molette sur le 2. Il n’en manquait plus qu’un et tout cela ne devenait plus qu’un mauvais cauchemar. Il fallait le trouver. Mais malheureusement, nous avions tout fouillé, de fond en comble. Il ne restait plus qu’un endroit possible… Tout à coup, un bruit résonna dans le couloir. Lucie et moi nous nous rapprochions de la porte pour entendre le moindre son. Des pas se dirigeaient vers nous, c’était Minerva. Nous avions pris peur et étions partis nous cacher. Quelques secondes de silence passèrent, sans un seul mouvement, puis une voix s’éleva : 

“Cela ne sert à rien de chercher, vous ne sortirez jamais !” 

Puis la sonnette de la maison retentit. Soudainement, les pas s’éloignèrent. Ils se dirigeaient vers la porte d’entrée. 

“-Ah, je vous attendais.

-Bonjour ! Je m’appelle Adrien et voici mon amie Sarah, nous sommes scouts et nous vendons des calendriers. Voulez-vous en acheter ?

-Oui bien sûr ! Laissez-moi juste aller chercher mon portefeuille. Je vais tous vous les prendre.

-Tous ? Ah ! Merci beaucoup Madame.

-Entrez et allez-vous installer dans le salon.

-D’accord… ”

Publié par Thameur DEBOUBA

Enseignant/formateur dans l'âme, je suis constamment à la recherche de nouveautés pour accompagner les apprenants.

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